mardi 26 novembre 2013

Claire LECONTE: une mini réformette

La chronobiologiste Claire Leconte à Strasbourg.  PHOTO DNA –  JF Badias
La chronobiologiste Claire Leconte à Strasbourg. PHOTO DNA –  JF Badias

Chercheur en chronobiologie à l’Université de Lille 3, Claire Leconte s’est montrée très critique à l’égard de la réforme des rythmes scolaires lors d’une conférence sur « L’école et les temps de l’enfant ».


« Il est important pour les associations familiales et les associations de parents d’élèves de ne pas utiliser les enfants. Il ne faut pas entrer dans le jeu des polémiques politiciennes », prévient Guy Didier de l’UDAF du Bas-Rhin, en octobre dernier à Strasbourg, en accueillant Claire Leconte.
Ayant participé depuis 1981 à de nombreux projets éducatifs pour améliorer la vie de l’enfant, dont certains menés à Strasbourg et Munster, cette dernière, professeur émérite en psychologie de l’éducation, se demande à quoi servent toutes les expériences et les évaluations réalisées par le passé. « Parfois, on a fait pire que mieux. Certaines expériences allaient à contresens de ce qu’on attendait pour le bien-être de l’enfant ». Et aujourd’hui, « on est en train de refaire les mêmes erreurs ».
Pour cette chronobiologiste, il est important de bien connaître les rythmes biologiques de l’enfant afin de les respecter. Il est également aberrant de considérer que seule l’école, où l’enfant passe moins de 10 % de son temps, est source de fatigue. Car la fatigue dépend de l’environnement dans lequel l’enfant vit. « Si on n’entre pas cela dans cette réforme, on ira dans le mur, les enfants seront toujours aussi fatigués ».
Pour Claire Leconte, tout le monde fait la même erreur, en croyant à la magie du retour à la semaine de 4,5 jours (9 demi-journées pour le ministre) pour une meilleure réussite éducative de tous les enfants. Pour preuve, « avant 2008, l’école était sur 4,5 jours, elle n’allait pas mieux qu’aujourd’hui ».

Construire un projet de société

La spécialiste défend l’idée d’une vraie réforme selon elle pour l’instant mal engagée. La journée scolaire « que le ministre veut aménager à la marge, en prétendant qu’on apprend mieux en 5 h 15 qu’en 6 h, est une journée qui existe depuis un édit royal de 1834 », remarque-t-elle avant de qualifier le texte de Vincent Peillon de « mini-réformette ». « On change une demi-heure par jour et on bouche le trou avec une activité. Cela ne change rien du tout. Tout ça pour ça ».
Claire Leconte se montre également très critique à l’égard du décret d’application paru en janvier. « Ce décret ne fait référence à aucun principe, n’apporte aucune réflexion sur le contenu des temps. Il cadre juste de façon très rigide un emploi du temps scolaire. Tout le reste dépend de la bonne volonté des communes. Ce n’est pas normal ».
Ayant rencontré depuis décembre 2012, un peu partout en France, des élus, des parents, des enseignants, Claire Leconte constate que « tout bloque parce qu’on ne peut construire vraiment un projet tous ensemble ». La chronobiologiste regrette que la réforme ne soit pas interministérielle. Elle aurait permis de toucher « un projet de société, on ne s’amuserait pas à juste modifier l’emploi du temps scolaire. Il faut mettre à plat tout le temps de l’enfant ».
Des exemples de réussite existent pourtant. Divers projets éducatifs ont « conduit à une remise à plat des temps strictement scolaires, pour les reconstruire au mieux des intérêts des enfants, avec un vrai changement pédagogique, et en lien avec les contenus des temps non scolaires. Nous impliquons ainsi tout le monde, y compris les parents », insiste Claire Leconte qui souligne que « les contrats sont pérennisés s’ils sont construits de manière partenariale ».

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